FATIGUE DE GUERRE est un récit à plusieurs voix qui explore un univers familial bousculé par un drame.

On suit Gustave dans ses derniers instants de vie, puis à travers son histoire reconstituée par l’auteure à partir de faits réels et vraisemblables...

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C’est le récit d’un anonyme, qui n’ est pas mort au champ d’honneur, mais que la Grande Guerre a rattrapé bien des années plus tard.  Les témoins directs ou lointains du drame livrent à tour de rôle leur version des faits et la trace que cet événement a laissée dans leur vie.

La violence de l’épisode rattrape beaucoup plus tard la petite-fille confrontée à l’omerta familiale et aux secrets de famille. Elle fouille  les mémoires, examine toutes les pistes, explore les séquelles psychologiques que le conflit a laissées dans l’esprit de Gustave et son combat pour se défaire de ce passé.


A défaut de trouver une réponse rationnelle à son geste désespéré, chercher en périphérie de l’événement les éléments qui ont pu le déclencher a permis de le recontextualiser et de le comprendre. Ce sont toutes ces questions, et les réponses récoltées qui ont percé le secret de sa souffrance, dont il n’ a pu s’extraire qu’ en se donnant la mort.

morceaux choisis

GUSTAVE.

Gustave - Fatigue de guerre

“Je flotte au-dessus de mon corps inerte.

Ils sont tous là, agglutinés autour de moi, comme des mouches. J'ai l'air un peu grotesque. Je suis sur le ventre. Ma tête est enfoncée aux trois quarts dans le sol. Mes yeux sont grands ouverts. Mes bras en croix. Une de mes jambes est repliée, un vrai pantin...”

SUZANNE.

 “Odile, la cadette, joue dans la salle à manger. Gustave sort des toilettes, passe devant nous et rejoint le salon. Je me dirige vers la chambre pour embrasser ma petite-fille Frédérique.

Des cris. Je me précipite.”

MADELEINE.

“...il se dirige vers la porte fenêtre de la salle à manger. Ses mains tremblent, il a du mal à l'ouvrir. Je l'aide. Il ne dit rien. Au moment où je m'apprête à lui expliquer les différents aménagements du jardin et les jeux prévus pour les enfants, il enjambe le garde corps et bascule vers l'avant.

Je hurle.”

GUY.

"..la sonnerie du téléphone retentit. J'ai pourtant demandé que l'on ne me dérange pas. J'ai failli ne pas décrocher, mais je me ravise, voyant là l'occasion d'invectiver violemment le perturbateur.

Je prends le combiné et, avant même que je puisse dire un mot, la voix tremblante de ma secrétaire chuchote : "Votre femme..."

ODILE.

 “Des cris. C'est maman sur le balcon. J'y vais,moi aussi. Mamie nous rejoint. Elles tiennent papy par la veste. Pour les aider, je prends sa jambe dans mes deux mains. Je tiens sa chaussure noire. Elle est grande, cette chaussure.

Il tombe.”