“Elle fouille son passé pour lever le voile sur la mort de son grand-père né dans le Bocage.”
« Fatigue de guerre » est le premier livre d’Odile Micheneau.
Elle retrace l’histoire de son grand-père Gustave, qui est né à Largeasse et a grandi à Trayes avant de partir pour la Grande guerre.
Odile Micheneau a écrit un ouvrage sur son grand-père qui est né à Largeasse et a grandi à Trayes.
La réalisation de son arbre généalogique a conduit cette habitante de Saintes (Charente-Maritime) dans le département des Deux-Sèvres, plus précisément du côté de Largeasse et de Trayes. Odile Micheneau avait besoin de trouver des réponses. Pour cela, elle a enquêté plusieurs années dans sa sphère familiale. Elle a publié « Fatigue de guerre », un livre dont le point de départ est un drame qu’elle a vécu lorsqu’elle avait sept ans.
Largeasse, c’est la commune où est né Gustave, son grand-père. Il avait 68 ans lorsqu’il s’est suicidé en sautant du sixième étage de l’appartement devant ses proches, dont Odile. Je ne savais rien sur Gustave. Il y avait une omerta familiale , explique l’autrice. Elle voulait alors faire la lumière sur son histoire et savoir ce que cette mort cachait. Pour elle, l’acte de son grand-père n’était pas quelque chose de gratuit . Il fallait qu’elle le décrypte.
« Je fais partie d’une famille de taiseux »
Ce livre ne traite pas du suicide, même s’il s’agit du point de départ. C’est davantage un livre sur les non-dits et les dégâts collatéraux liés à la non-communication au sein d’une famille. Son enquête lui a permis de découvrir des choses sur son grand-père mais aussi sur sa mère. J’ai découvert que mon grand-père a été hospitalisé en psychiatrie, explique-t-elle. Ma mère a vécu un épisode délirant en 1958, deux ans après ma naissance. C’était en même temps que mon grand-père. Elle a bien essayé d’obtenir des informations de la part de son père, mais celui-ci n’a rien dit à ce propos. Je fais partie d’une famille de taiseux , lâche-t-elle. Mais son enquête lui a permis de remonter le fil de son histoire. J’ai arpenté les cimetières, je suis allée rencontrer les cousins de mon père, j’ai récupéré tout ce que je pouvais récupérer , précise-t-elle.
La deuxième partie de son livre est l’occasion de faire le récit de la vie dans la campagne de Largeasse. Odile Micheneau y dépeint le quotidien d’une famille de cultivateurs au début du XXe siècle, un milieu dans lequel a grandi Gustave. Il a passé toute son enfance et son adolescence à Trayes. Il y a vécu jusqu’à son départ à la guerre à l’âge de 19 ans, rapporte l’autrice. C’était la Grande guerre. Il est évident qu’on n’en sort pas indemne », souffle-t-elle.
Des réponses partielles
Pour elle, la guerre a laissé des séquelles invisibles qui ont participé au choix d’une mort violente . L’accès au dossier médical de son grand-père lui a permis de faire la lumière sur certains points. Pas tous. Je n’ai pas toutes les réponses, mais je suis contente car j’ai décanté pas mal de choses , sourit-elle. Ainsi, dans la dernière partie de son livre, Odile Micheneau donne la parole aux personnes qui étaient présentes lors du décès de Gustave. L’autrice revient également sur les différentes hypothèses qui ont conduit à son acte. Il ne peut pas y avoir qu’une seule réponse à un geste comme celui-là.
Gustave et sa femme, Suzanne.
Un documentaire envisagé
Odile Micheneau a travaillé pendant 20 ans sur les tournages de film, en tant qu’administratrice de production. L’écriture de ce livre était une première étape. J’ai pour idée de faire un documentaire à partir de mon livre, indique-t-elle. J’ai fait des interviews filmées. Je voulais savoir comment mes proches avaient appris le décès de Gustave et par qui. J’ai compris qu’ils ne savaient pas que j’étais présente au moment de sa mort. J’ai grandi dans une famille où on ne dit pas les choses. Gustave était devenu celui dont on ne parlait pas.
« Fatigue de guerre » d’Odile Micheneau. Sur le site internet Librinova ou en commande dans toutes les librairies. 17,90 €. Disponible en format Ebook (Epub) 5,49 €.